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Jeux paralympiques 2024 : Ugo Didier, sacré sur le 400 m nage libre, l’autre nageur surdoué de Toulouse

La capitale de l’ovalie est à nouveau celle des lignes d’eau, chlorée, et peut-être un peu bénite. Dans les années 1940 et 1950, la natation française faisait des miracles à Toulouse, berceau d’Alex Jany et Jean Boiteux, et port d’attache d’Alfred Nakache ou Georges Vallerey. La Ville rose a depuis enfanté Léon Marchand, récent quadruple champion olympique. Dans la piscine de Paris La Défense Arena, elle a un autre ambassadeur : Ugo Didier, qui s’est paré de l’or paralympique, jeudi 29 août, sur 400 m nage libre.
L’athlète navigue entre le Cercle des nageurs de Cugnaux, au sud-ouest de Toulouse – dont il est sociétaire depuis l’âge de 9 ans –, et les Dauphins du TOEC, le club de Léon Marchand et de leurs glorieux aînés, sur les bords de la Garonne. Si les deux nageurs de 22 ans n’ont jamais évolué dans le même groupe, ils se sont côtoyés deux ans avant que le phénomène français des bassins ne traverse l’Atlantique pour rejoindre l’entraîneur Bob Bowman. « Si lui n’est pas inspirant, je me demande qui peut l’être… C’est un mec qui est super fort sur mes points faibles », observe Ugo Didier, comme il se livrerait à un diagnostic en blouse blanche.
Le jeune homme est depuis longtemps rompu à la rigueur du glossaire médical. Il est né le 11 septembre 2001 sans mollets, avec les pieds bots (tournés vers l’intérieur), les genoux recurvatum (en hyperextension) et les muscles inférieurs atrophiés. Autant de faiblesses pour les battements, le gainage et bien sûr les poussées au mur et les coulées, qu’il juge « monumentales » chez Léon Marchand. « Ça donne envie de faire pareil tous les jours à l’entraînement, mais techniquement c’est impossible pour moi, alors je les travaille dans la mesure de mes capacités », assure celui qui a fait ses premiers pas dans l’eau à 7 ans.
Le jeune garçon ne peut pas marcher, ni rester debout très longtemps. Il ne peut pas non plus sauter, encore moins courir, ses jambes donnent sans arrêt l’impression qu’elles vont se casser. Il tient quand même à faire du sport. « Il y avait un club de natation pas loin de chez moi, ça m’a poussé un peu vers ce sport par défaut », raconte-t-il. Dès le début, il se fond au milieu des valides – c’est encore le cas aujourd’hui. « J’ai la chance d’avoir un handicap léger », justifie-t-il, tout en déplorant que certains de ses camarades de l’équipe de France avec des pathologies plus lourdes ne puissent faire de même, par manque d’environnement adapté.
Dans le milieu aquatique, où la douleur s’efface, il n’assume pas tout de suite de mettre à nu ce corps difforme, avec des allumettes à la place des jambes. « La natation m’a d’abord aidé à prendre conscience que j’étais en situation de handicap, parce qu’en maillot de bain, on ne peut pas le cacher. Le fait de nager avec des personnes valides m’a ensuite aidé à l’accepter. Et en essayant de trouver des solutions pour essayer de nager aussi vite qu’elles, ça m’a aidé enfin à le dépasser », développe l’étudiant en génie civil à l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse.
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