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Une vie de chat des villes devenant chat des champs ; un amour adolescent en 2050 ; dans la compagnie des mangakas ; l’intimité de Japonais ordinaires ; un campeur en autarcie dans son appartement ; la Corée au temps de l’occupation japonaise : une grande variété de thèmes et de styles graphiques sont au menu de cette sélection d’automne.
On devient néorural par choix, rarement par obligation. Sauf quand on est une chatte d’intérieur et que votre maître décide de quitter le quartier résidentiel d’une grande ville pour aller vivre en pleine campagne… Matou urbain habitué à boulotter des croquettes, Kabocha va faire une découverte fondamentale à la faveur du déménagement : son instinct animal, jusque-là réprimé dans le moelleux d’un canapé, ne demandait qu’à se réveiller. La voici bientôt partie par monts et par vaux, en quête de rencontres inédites avec les hôtes des alentours – écureuil, serpent, renard, chouette, pic-vert, souris…
Téméraire mais pas toujours courageuse, la prédatrice malgré elle n’en reste pas moins une manipulatrice hors pair, réclamant des caresses comme si c’était son dû ou jouant la comédie pour faire s’apitoyer l’auteur de ce journal animalier où se mêlent tendresse et espièglerie. L’acuité graphique de Daisuke Igarashi (Les Enfants de la mer, Moon Light, depuis 2022) agrémente ce récit inédit en France de postures félines rendant hommage au grand maître de l’estampe Utagawa Hiroshige (1797-1858). F. P.
« Le Petit Monde de Kabocha », de Daisuke Igarashi, traduit du japonais par Fédoua Lamodière, Le Renard doré, 112 p., 11,90 €.
En 2050, les lycéens ont les mêmes préoccupations que ceux d’aujourd’hui : malmener leurs camarades – à ceci près que ceux du futur le font à l’aide d’un chat-drone et d’excréments de cafard – et laisser s’exprimer leurs sentiments amoureux. Kurosawa Kodai en pince pour la nouvelle élève du bahut, l’Indienne Bagavathy Tovarma. Dans un Japon où la population immigrée est parfois vue d’un mauvais œil, il va tenter de se rapprocher d’elle et de la convaincre de son amour… Choix rare et audacieux, le Japonais Yasutoshi Kurokami a écrit son premier manga en français. Ce choix confère une saveur particulière aux dialogues, tantôt vifs, tantôt très écrits. S’appuyant sur un trait classique mais efficace, Croissant amoureux ravit par son humour potache et son inventivité scénaristique. Sous des atours comiques, l’album dessine en creux une critique acerbe de la société contemporaine de l’Archipel, minée par la xénophobie et le harcèlement scolaire. Al. Du.
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